Où trouver des fossiles? Les fossiles se trouvent évidemment dans des roches affleurantes, donc non couvertes par la terre ou la végétation : carrières, montagnes, éboulis, littoral, ravins, lits des cours d'eau... Dans les plaines à affleurements rares, les travaux offrent des opportunités : fondations, rectification de routes... Si vous visez un étage particulier comme l'Albien, les portails Infoterre et Geoportail permettent de consulter les cartes géologiques et de voir où l'étage affleure. Google Earth est aussi utile pour détecter des ravins ou d'anciennes carrières qui ne se voient pas au sol. Enfin, ne cherchez pas le spécimen parfait car il existe rarement : si vous trouvez une espèce que vous n'avez pas, un demi-tour vaut mieux que rien!
Provenances. Une collection sans provenances ne sert à rien! Quand vous trouvez un fossile, notez le site (exemple "talus près du carrefour D33-D12"), la position sur une carte ou les coordonnées GPS. Notez aussi la commune, le type d'affleurement (carrière, rivage...), la roche encaissante (argile, calcaire...) et l'étage. Si vous connaissez les limites d'étages, notez la position verticale, exemple "Albien moyen, Argiles du Gault, 1 mètre au-dessus du Poudingue ferrugineux". Si vous visitez plusieurs sites, séparez leurs spécimens dans des pochettes plastiques, avec la provenance dans chaque pochette.
Dégagement et nettoyage. Ne dégagez pas un fossile sur site : emmenez le bloc, un peu dégrossi, pour travailler tranquillement chez vous. Vous trouverez sur Internet de nombreuses techniques de dégagement mécanique et chimiques. Évitez de vernir les fossiles, car le vernis est très difficile à enlever quand vous n'en voulez plus. Si vous brisez un fossile par accident, sur site ou au dégagement, ce n'est pas un drame : recollez-le, même les musées ont des spécimens recollés! Pour les fossiles en pyrite, j'ai tout essayé mais certains spécimens se dégradent quand même. Le minimum est de les rincer longuement pour enlever les traces de sel, détergent et produits chimiques, de les sécher plusieurs jours sur un radiateur, puis de les stocker dans des pochettes plastiques à zip, placées à leur tour dans des Tupperware étanches. Si vous voulez faire des dégagements difficiles, il vous faut un compresseur et un percuteur pneumatique comme le W224 de Venn (185 euros) ou le HW-70 plus puissant d'Hardy Winkler (780 euros), voire une sableuse (800 euros, sans le coffre à faire vous-même). Ces appareils sont chers et longs à amortir pour les amateurs, mais une association peut se les offrir.
Identification et rangement. L'identification est difficile pour les amateurs. Ne vous fiez jamais à une simple photo de profil vue sur Internet! Rassemblez des documents, visitez les musées, lisez des revues commes Fossiles, consultez des sites montrant des espèces, comme le mien ou ammonites.org, ou inscrivez-vous à une association. Si vous avez bien noté la provenance et l'étage, l'identification sera possible tôt ou tard. Étiquetez vos fossiles : si des boîtes avec des fossiles sans étiquettes tombent ou se mélangent, c'est un désastre! J'utilise des minuscules étiquettes que j'imprime sur du papier A4, pour les découper et les fixer avec une colle-gel en tube. Si nécessaire, elles s'enlèvent facilement à l'acétone ou au white-spirit. On peut aussi écrire ces étiquettes avec un feutre indélébile ultra-fin, comme le Staedtler Pigment Liner 0.05, en vente dans les magasins de fournitures pour beaux-arts. Enregistrez en même temps les spécimens étiquettés dans un fichier Excel, avec les informations de provenance. Enfin, mettez les plus beaux en vitrine et les autres dans des boites modulaires en carton, placées ensuite dans des flats en carton ("folding boxes", voir chez Krantz par exemple).
Éthique. Des menaces pèsent sur la collecte de fossiles en France, cf. le cas de Villers-sur-Mer. Les deux grands responsables sont des bureaucrates psychopathes, qui sans aucune concertation veulent mettre la nature sous cloche et la rendre inaccessible aux français, mais aussi des viandards qui saccagent des sites et les rendent inutilisables pour les scientifiques. On voit des internautes exhibant 100 spécimens de la même espèce : à quoi ça leur sert, sinon pour la vente? Respectez les réserves naturelles et les terrains privés! Prenez juste quelques spécimens pour votre collection et laissez-en aux autres. Ne creusez pas des trous à tout-va, notamment dans les talus de routes car c'est un délit de petite voirie. Par contre, sauvez les spécimens voués à la destruction, comme lors de travaux!